Et si la vie était un lent cheminement vers soi ? Dans De la chrysalide au papillon, Geneviève de Beaucorps nous livre le récit intime, sincère et profondément humain d’une transformation. Celle d’une enfant timide, cinquième d’une fratrie de neuf, grandissant dans la France d’après-guerre, devenue une femme libre, voyageuse, enseignante et mère engagée.


Née en 1945, au lendemain de la Libération, l’autrice ouvre sa mémoire comme on entrouvre un vieux tiroir rempli de souvenirs vivants : odeurs de vacances à Puybarban, rituels familiaux rythmés par le scoutisme, rigueur de l’éducation catholique, solitude d’une enfant « du milieu » en quête d’un amour exclusif. Dans cette fresque familiale au cœur d’un XXe siècle en mouvement, chaque anecdote fait résonner une émotion universelle : la soif d’être vue, le besoin d’appartenir, la quête de sens.


Mais ce qui donne toute sa puissance au récit, c’est la capacité de Geneviève à se métamorphoser. À l’image du titre, elle déploie ses ailes au fil des pages. Étudiante dans le tumulte de Mai 68, elle ose quitter le confort bourgeois pour enseigner en Afrique, s’engage en Inde auprès des plus démunis, découvre l’Israël des kibboutzim et s’ouvre au monde avec une insatiable curiosité. Chaque voyage est un miroir tendu à son intériorité, chaque étape un pas vers sa vérité.


Son témoignage dévoile aussi les blessures tues : l’enfant rêvé qui ne viendra pas, le frère porteur de trisomie 21, les silences maternels, les attentes tacites d’un héritage aristocratique à porter. Pourtant, à chaque épreuve, Geneviève choisit la vie. Avec humour, tendresse et une humilité désarmante, elle tisse le fil de ses métamorphoses.


De la chrysalide au papillon n’est pas seulement une autobiographie. C’est un legs. Une lettre adressée à l’enfant qu’elle n’a pas eu, et à nous tous, lecteurs en quête d’ancrage, de repères, de réconciliation avec nos histoires personnelles. Elle y aborde avec douceur les grands thèmes du récit de vie : l’héritage familial, la sororité, la maternité, le voyage comme émancipation, la spiritualité comme boussole.


Ce livre est une invitation à relire sa propre existence avec plus d’indulgence. Il touche au cœur parce qu’il parle de choses simples et essentielles : le lien, la transmission, l’éveil à soi. Il rappelle que, malgré les peurs, les blessures ou les injonctions, il n’est jamais trop tard pour devenir papillon.