Dans À l’ombre des arbres, Martine Brûlé livre une autobiographie d’une tendresse rare, entre confidences, souvenirs d’enfance et quête identitaire. C’est un récit de vie doux et profondément humain, ancré dans les petites choses du quotidien qui font les grandes histoires. Page après page, l’autrice tisse une toile d’émotions, de silences et de liens invisibles, entre générations, entre les vivants et ceux qui restent dans les souvenirs.

Derrière ce titre poétique, se dévoile l’histoire d’une enfant sensible qui grandit au Puchot, un quartier populaire d’Elbeuf, dans les années 1960 et 70. Son monde est peuplé de figures familières : une mère belle mais fatiguée, un frère au goût d’ailleurs, un père absent mais énigmatique, des tantes lumineuses et excentriques, un petit frère inattendu… Et au centre de tout cela, une voix : celle d’une petite fille qui observe, ressent, questionne et rêve.

Martine nous emmène dans ses souvenirs avec une plume délicate et fluide. Elle évoque le petit appartement familial, les vacances dans l’Anjou, les Noëls à Saint-Cyr, les escapades en chemise de nuit, les repas silencieux chez son père, les regards qui disent plus que les mots. Chaque scène devient un tableau. Chaque détail – un porte-clés, une broderie, un pain au chocolat refusé – est chargé de sens et de réminiscences. On rit, on s’émeut, on se reconnaît.

Car au-delà du témoignage personnel, À l’ombre des arbres touche à l’universel : l’enfance partagée, les silences familiaux, les absences qui pèsent, la résilience, les espoirs que l’on murmure à soi-même. C’est l’histoire d’une femme qui retrace son parcours pour mieux comprendre d’où elle vient – et peut-être, aussi, qui elle est devenue.

On y perçoit la transformation lente, presque imperceptible, d’une enfant observatrice en une femme lucide et bienveillante, héritière d’une mémoire vive et vibrante. Ce récit n’a pas besoin d’éclats spectaculaires : il captive par sa sincérité et sa profondeur. Il parle du lien, de la filiation, de l’amour qui persiste malgré les départs, et de ces arbres symboliques sous lesquels on s’abrite, on grandit, on revient.

À l’ombre des arbres est un livre qui fait du bien, qui fait écho à nos propres histoires, à nos enfances pleines de non-dits et de tendresse. C’est une lecture qui apaise, qui émeut et qui, surtout, nous rappelle que dans le désordre des vies, il existe toujours un fil conducteur : celui du cœur.

Un récit à découvrir, à offrir, à relire. Un rendez-vous précieux avec la mémoire intime.