Une mémoire ardente, un cœur en exil
Dans Les braises du passé, Jocelyne Lacurie Lisiecki ouvre les portes d’une mémoire vive, celle d’un amour enraciné dans une terre aujourd’hui lointaine : l’Algérie d’avant l’indépendance. Récit de vie, chronique familiale, témoignage intime et politique, ce livre brûle de vérité et d’émotion.
Née à Ténès, sur cette terre rouge au bord de la mer Méditerranée, l’auteure raconte une enfance lumineuse à Pointe-Rouge, bercée par les odeurs de galettes cuites au feu de bois, les rires d’Ali et Zora, les djinns des légendes, et les souvenirs tendres d’un quotidien mêlé d’innocence et de traditions. Mais cette quiétude n’est qu’apparente : dès l’âge de dix ans, Jocelyne est arrachée à sa terre et à son père dans une fuite déchirante vers l’inconnu. L’exil intérieur commence.
À travers les fragments de sa mémoire et les journaux intimes de son père Aimé — jeune soldat au regard de braise, amoureux fou de sa Mimi pendant la Seconde Guerre mondiale —, Les braises du passé retrace l’épopée d’une famille pied-noir, prise dans les tourments de l’Histoire. On y lit les espoirs d’un jeune couple en temps de guerre, les blessures de la trahison conjugale, l’ivresse de la liberté retrouvée, puis les premières fissures d’un patriarcat oppressant.
Les paysages d’Algérie — Ténès, Tebessa, Pointe-Rouge, la mer turquoise, les montagnes violettes — prennent vie sous la plume de l’autrice, comme autant de décors d’un paradis perdu. Mais ce livre n’est pas qu’un chant de nostalgie. Il est surtout une quête identitaire poignante : celle d’une enfant devenue femme, qui cherche à comprendre les silences, les secrets, les transmissions invisibles.
Dans ce récit de filiation, on entend les cris d’une petite fille en sarouel, révoltée contre l’autorité d’un père qu’elle aimait pourtant de tout son être. On ressent les tiraillements d’une mère aimante mais impuissante, les non-dits de l’après-guerre, les marques d’une mémoire coloniale douloureuse. Et, au fil des pages, ce sont les voix des femmes de la famille — grand-mères, tantes, mères — qui se lèvent, fières, aimantes, parfois rebelles, mais toujours essentielles.
Les braises du passé, ce sont ces souvenirs incandescents que l’on croyait éteints, et qui pourtant continuent de réchauffer, de brûler, de questionner. Jocelyne Lacurie Lisiecki ne cherche pas à gommer les contradictions, elle les embrasse. Elle nous offre un récit sincère, nuancé, profondément humain, où l’intime et le collectif s’entrelacent.
Ce livre touchera toutes celles et ceux qui portent en eux une terre d’origine, une blessure d’exil, une transmission familiale mystérieuse. Il parle à nos nostalgies, à nos quêtes de sens, à nos liens brisés ou retrouvés. C’est un récit universel sur l’amour, la mémoire, la transmission et sur ce que l’on garde, quand tout semble s’effondrer.
Laissez-vous emporter par Les braises du passé, et entrez dans une histoire où la tendresse côtoie la douleur, où l’Histoire se mêle à la chair, où la voix d’une femme nous murmure l’essentiel : « Du passé, jetons les cendres et gardons les braises. »