L’auteur, avec une plume à la fois personnelle et visionnaire, nous invite à regarder en face les forces destructrices qui traversent nos vies et nos sociétés, pour découvrir, au cœur même de nos limites, une lumière de fraternité.

Dès les premières pages, Michel Vergnaud interroge l’héritage du « péché originel » : ce fardeau symbolique qui dit moins une faute ancestrale qu’une condition partagée, faite de manque, d’ego blessé et de tentation de toute-puissance. Mais plutôt que de s’y résigner, il en fait la matière première d’une réflexion vivante : et si nos fragilités, loin d’être des condamnations, étaient l’espace même où peut s’exercer notre liberté ? Cette conviction, nourrie d’Évangile, traverse tout le récit et lui donne son souffle.

Au fil des chapitres, Sortir de la violence déploie une double quête : comprendre les racines des violences contemporaines et ouvrir des chemins de transformation. L’auteur scrute les logiques économiques, sociales et politiques qui façonnent notre époque : capitalisme financiarisé, consumérisme effréné, idéologie du « toujours plus » qui détruit à la fois la nature et les liens humains. Il dénonce une compétition généralisée – « tous contre tous » – qui enferme chacun dans son ego et fabrique injustice, exclusion et conflits. Mais à cette logique mortifère, il oppose une autre voie : celle du partage, de la solidarité et de la fraternité.

Le récit s’ancre aussi dans l’expérience collective de notre temps : dérèglement climatique, guerres renaissantes, montée des nationalismes, emprise du numérique et des algorithmes… autant de secousses qui redessinent nos vies et révèlent l’urgence de repenser nos repères. Michel Vergnaud ne cache pas la gravité du constat, mais refuse la fatalité. Il appelle à une révolution silencieuse mais décisive : replacer l’humain et la dignité de chaque personne au centre, et faire de la fraternité une force politique et spirituelle.

Au cœur de ce cheminement, l’Évangile apparaît comme une lumière plutôt qu’un règlement. Loin d’imposer un programme, il trace une orientation : « Aimez-vous les uns les autres. » Cette parole, simple mais radicale, éclaire les contradictions du monde et ouvre une alternative crédible. L’auteur montre combien elle peut inspirer l’action de chacun, dans la vie sociale, familiale, politique ou économique. Des figures de militants, de soignants, d’éducateurs, de croyants ou de citoyens ordinaires y trouvent une place, comme autant de témoins d’un autre possible.

Ce qui rend ce livre singulier, c’est qu’il conjugue la profondeur théologique avec une sensibilité humaine palpable. On y sent l’expérience d’un homme qui a traversé l’histoire contemporaine, qui a vu ses violences mais aussi ses élans de fraternité. En cela, Sortir de la violence n’est pas un discours abstrait : c’est un appel incarné, qui parle aussi bien au croyant en quête de sens qu’au lecteur laïc désireux de comprendre notre époque.

Au fond, Michel Vergnaud nous rappelle une évidence trop souvent oubliée : nos vies ne sont pas programmées d’avance. Chacun peut choisir d’inscrire son histoire dans une logique de domination ou dans une logique de relation. Chacun peut être tenté par l’illusion de « mettre la main sur les choses et sur les gens », mais chacun peut aussi découvrir dans sa finitude un espace d’ouverture, d’amour et de fraternité.

Lire Sortir de la violence, c’est se laisser toucher par un témoignage qui éclaire nos contradictions, mais surtout qui redonne confiance en la capacité humaine à se relever, à aimer, à construire ensemble. Un livre qui bouscule, qui console, et qui inspire – parce que derrière les analyses du monde, c’est une promesse de lumière qui se dessine, toujours proche, toujours féconde.